Bientôt plus de riz sur les étals africains ?

Annoncée mercredi 25 mars, la décision des autorités vietnamiennes de ne plus signer jusqu’à nouvel ordre de nouveaux contrats d’exportation de riz a fait l’effet d’une bombe. Et pour cause, troisième exportateur mondial de riz (6,37 millions de tonnes en 2019) derrière la Thaïlande et l’Inde, le pays d’Asie du Sud-Est est un acteur majeur de l’approvisionnement de la céréale la plus consommée de la planète, nombre de pays africains en important en quantité.

Une décision que le gouvernement vietnamien justifie en premier lieu par la nécessité de préserver son propre marché domestique, les exportations de riz du pays ayant bondi de près de 32 % (à 928 798 tonnes) au cours des deux premiers mois de 2020 par rapport à l’année précédente, dans le sillage des craintes de pénurie alimentaire liées à la pandémie du Covid-19. Or, dans le même temps, relève Hanoi, la production rizicole s’annonce cette année inférieure aux volumes produits lors des précédentes campagnes, du fait de la sécheresse.

En conséquence, « si les exportations continuent d’augmenter à ce rythme, le Vietnam sera confronté au risque de pénurie de consommation intérieure », a averti le ministère de l’Industrie et du Commerce, préparant ainsi les esprits à un possible rationnement du riz sur les marchés internationaux. Le Premier ministre vietnamien, Nguyen Xuan Phuc, a toutefois précisé qu’il se donnait jusqu’au samedi 28 mars pour trancher définitivement cette question, le temps pour lui de prendre connaissance du rapport sur l’état des stocks de riz dans le pays. Joint par Radio France Internationale (RFI), un négociant suisse, sous couvert d’anonymat, a estimé pour sa part qu’en cas d’embargo avéré sur les exportations de riz vietnamien, « ce serait l’étincelle » qui pourrait mener à une nouvelle flambée des prix mondiaux. Une possibilité qui réveille le souvenir du spectre de la crise alimentaire mondiale de 2007-2008. À l’époque, une forte hausse du prix des denrées alimentaires de base avait causé des émeutes dans plusieurs pays, notamment en Afrique. De fait, les cours internationaux du riz sont en progression depuis déjà plusieurs semaines, la variété Thaï 100 % étant d’ores et déjà à un plus haut de 7 ans. Le trader précité s’est toutefois voulu rassurant, rappelant qu’il n’y avait (pour l’heure) « pas d’achats panique en Afrique ».

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Les 10 premiers pays importateurs de riz en 2018 (en milliers de tonnes)

Source : Statista